BCV – Art

Création de 4.01 au Musée Jenisch de Vevey – Expo BCV-ART

12 avril 2002

Steve Lacy , sax.
Garth Knox , alto.
Ernesto Molinari , cl basse.
Leonzio Cherubini , drums, composition.

Du salutaire usage de l’imprévisible.

Depuis de nombreuses années et face aux aspects multiples des créations artistiques contemporaines, la Banque Cantonale Vaudoise s’est activement engagée dans des actions de soutien culturel et de mécénat. Théâtre, musique et arts plastiques en particulier sont autant de domaines qu’elle soutien avec curiosité et constance. D’où l’envie et le goût d’une rencontre insolite entre art et musique, sans que cela tourne au procédé, mais tende au contraire à mettre pleinement en relation deux expressions trop souvent éloignées l’une de l’autre.

Dans l’esprit des improvisateurs free, l’univers de Leonzio Cherubini rompt avec l’esthétique souvent obsolète des jazzmen contemporains. A l’occasion de cette performance, il s’emploiera, entre autres, à “mettre en son” la subjectivité d’un regard conditionnée par son environnement perceptif.

 *    Entretien

Quand l’époque est plutôt à la reproduction à l’identique des chansons à la mode ou des images d’un vidéo-clip, que vous apporte le parti pris de l’improvisation?

Il est non seulement salutaire, mais indispensable à ma recherche.

Est-ce que vos prestations reposent tout de même sur l’interprétation d’un répertoire?

Oui bien sûr. Mais l’important est de savoir dépasser les restrictions que pourraient appeler les genres respectifs. Être dans l’entre deux d’une “musique écrite” et d’une “musique improvisée”, c’est ce qui m’intéresse. Par définition, le ”spectacle”  vivant ne devrait pas se répéter, car il ne repose pas uniquement sur la rigidité d’une mécanique rythmique indéfiniment réitérée. Le but est de mettre en avant la capacité du compositeur, comme du musicien d’ailleurs, à sortir du cadre. C’est un risque sans calcul apparent, qui se gère à l’instinct.

Comment définissez-vous vos recherches sur et avec les instruments?

Cela est inhérent à ma pratique de la percussion. Je vais chercher le son dans l’instrument, jusqu’à l’extrême! Où l’on se demande si c’est vraiment la partition qui inspire l’instrument, ou ne serait-ce pas plutôt l’instrument qui devient son…

Et la relation corps versus instruments?

Pour moi, et d’une manière peut-être grandiloquente, l’émission du son est faite de chair et de sang. Cela ne procède pas d’un concept, mais correspond plus à un “corps à corps” avec l’instrument qui passe par tous les registres (vigueur, tendresse, caresse, blessure etc).

Quels liens faites-vous avec le domaine des arts plastiques et vos recherches musicales?

Je ressens une similitude dans la manière de relancer, sans cesse, la formulation permanente d’un langage. C’est comme relever un défi, celui d’interroger, encore et toujours, les outils et les moyens propres de chaque discipline, les examiner sous un angle critique, tout en mettant en exergue le pouvoir de fascination de chacune d’elle. La question récurrente du peintre c’est “que peindre et comment”, celle du musicien, c’est “que composer et comment l’interpréter”…

Propos recueillis par Catherine Othenin-Girard, avril 2002.

Leonzio Cherubini – Steve Lacy – Garth Knox – Ernesto Molinari.