POINTS DE REPERES

Au début du XX siècle, des compositeurs comme Schoenberg ou Varèse ont été confrontés aux carences de la notation musicale en usage.

Je me rends très bien compte de ce que la réforme de notre notation doit aller de pair avec une nouvelle manière de nommer les notes. Je vais donc proposer ici quelque chose de nouveau, mais je ne me fais pas d’illusion. Je n’ai pas découvert quelque chose de définitif et je ne vais pas prétendre que ma méthode peut être immédiatement adoptée même si je ne savais pas qu’elle va se heurter à une opposition systématique”.
Arnold Schoenberg (1874-1951)

 “Comme des fréquences et des rythmes nouveaux devront être indiqués pour la partition, la notation actuelle sera inadéquate ; la nouvelle notation sera probablement sismographique… Comme au Moyen Âge, nous sommes confrontés à un problème d’identité : celui de trouver des symboles graphiques pour transposer les idées du compositeur en sons”. Edgar Varèse (1883-1965)

Dans les années cinquante  on assiste à l’émergence d’un mouvement historique marquant “The New York Schools of Music and Visual Arts” où peintres et musiciens partagent des intérêts communs. Les compositeurs John Cage, Morton Feldman, Christian Wolff, Earle Brown et le pianiste David Tudor fréquentent des artistes tels que Jackson Pollock, Willem de Kooning, Mark Rothko, Franz Kline, Philippe Guston, Robert Rauschenberg…

Parmi les artistes cités, Mark Rothko et Morton Feldman ont été particulièrement influents.

Mark Rothko

Morton Feldman

Les surfaces vibratoires de Rothko et Projection 1 de Feldman ont été de véritables déclencheurs. La partition de Projection 1 – extrait ci-dessous – devient un catalyseur lorsque soudainement, impact visuel et résultat sonore répondent à des attentes ne pouvant être précisément formulées jusque-là. A partir de cet instant, il a été possible de « projeter » en un seul geste, sonore et visuel.

Projection 1 est considérée comme étant la première partition en “graph notation” produite dans le bouillonnement artistique des années cinquante. Selon Feldman, les grands aplats de Rothko – surfaces vibratoires visuelles – se retrouvent ici dans la partition à l’état de – surfaces vibratoires sonores – distribuées dans les registres et modes de jeux du violoncelle.

L’usage des nombres est également intéressant en tant que moyen pour composer. Là encore, le travail de Morton Feldman en a été le révélateur. Exemple dans cet extrait de  Intersection 2 .

A titre d’exemple le résultat sonore d’un fragment de ce type de partition réalisé par le pianiste David Tudor, extrait de Intersection 3.

Il s’agit-là d’une version, d’un choix unique parmi les nombreuses possibilités offertes par ce type de notation.

Ci-dessous, autre composition graphique emblématique, December 1952 de Earle Brown. Partition suscitant bien des questions relatives à son interprétation et qui, selon son auteur, serait à voir en trois dimensions, comme un ensemble d’éléments projetés dans l’espace.

(…un étudiant demande comment aborder l’exécution de  Decembre 1952  – Earle Brown répond : so do I ).


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